S’amorce à Papaye, localité haïtienne de la commune de Hinche, un autre projet de l’AQANU-Outaouais pour soutenir paysannes et paysans à augmenter leur capacité de produire, de transformer et de vendre le fruit de leurs cultures maraîchères.
C’est, de nouveau, avec une alliée haïtienne de longue date, la congrégation des Petites sœurs de Sainte-Thérèse (PSST), que l’AQANU-Outaouais s’associe pour implanter un fonds rotatif, offrant des prêts d’une année à des familles paysannes.
Le président de l’AQANU, Emilio Bazile ainsi que la présidente de l’AQANU-Outaouais, Gertha Janvier-Decoste, ont signé un protocole d’entente avec la supérieure générale des PSST, sœur Denise Desil ainsi que sœur Arlande Eustache, responsable des PSST à Papaye.
L’AQANU-Outaouais s’est engagée à verser près de 18 000 $ à ce projet. Elle en a confié la responsabilité à deux membres, Richardson Eugène, agronome et président de l’AQANU-Bois-Francs et à son adjoint, Reginald Sorel, également de l’AQANU-Bois-Francs et responsable du comité d’analyse des projets de l’AQANU.
Une vingtaine de familles, surtout des femmes considérées comme des «moteurs de l’économie» dans les milieux ruraux, auront accès à ce fonds. On parle d’un fonds rotatif puisque, au terme d’une année, les bénéficiaires rembourseront leurs emprunts augmentés d’un intérêt de 2%. Ainsi enrichi, le fonds profitera par la suite à d’autres familles.
Ce projet prendra place là où, à Papaye, les PSST et la communauté des Petits frères de Sainte-Thérèse possèdent une ferme implantée sur une grande terre de 101 «carreaux». Chacun de ces carreaux est habité et cultivé par une famille paysanne qui n’a aucune redevance à payer aux propriétaires de la terre.
Les paysans cultivent la pistache, le maïs, les pois, le manioc, pour ne nommer que ces productions.
La création du fonds rotatif s’inspire d’un projet similaire mené à Rivière-Froide par l’Union des producteurs agricoles Développement international (UPA DI) pour lequel l’AQANU-Outaouais, entre autres, a déjà contribué.
Ultimement, le projet vise à développer une culture entrepreneuriale, alors que l’agriculture a perdu du terrain en Haïti. On espère que les familles puissent retenir leurs enfants dans leur milieu agricole, leur évitant l’exode dans les bidonvilles et les risques de délinquance juvénile.
Par ces prêts, les paysans pourront augmenter leur capacité de produire, de transformer et de vendre leurs produits dans les marchés environnants.
Outre les prêts, le projet comporte aussi de l’accompagnement d’un technicien agricole – Jean Baptiste Jean Plésir, en l’occurrence – sur la protection de l’environnement, sur la sélection des déchets, sur les plantules forestières et fruitières.
Afin de lui assurer une pérennité, le projet vise également à structurer davantage le regroupement «Les citoyens de Papaye» qu’ont déjà créé les paysannes et paysans. Un appui leur sera donné afin que l’organisation obtienne une reconnaissance municipale de la commune de Hinche et intensifie les relations de solidarité entre ses membres. «L’autonomie en semences et en finances» pourrait constituer leur slogan.
La souveraineté alimentaire revêt encore plus d’importance en Haïti alors que la famine menace le pays et que les voies de communication sont souvent bloquées par des gangs criminels.
La ferme de Papaye est située au nord d’Haïti, à une centaine de kilomètres de la capitale Port-au-Prince et à une cinquantaine de la frontière de la République dominicaine.
L’AQANU a de telles espérances dans ce fonds qu’elle s’est engagée à en dénicher de nouveaux pour donner une suite à ce nouveau projet devant se terminer en mars 2025.
Hélène Ruel