Ouvrir les frontières… du coeur

…ou un appel à la citoyenneté mondiale

Photo prise par Hélène Ruel lors du webinaire

L’obligation de confinement a incité l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) dont l’AQANU fait partie à organiser des webinaires en lieu et place des formations habituellement offertes à Montréal.

En trois sessions Web, cinq «conférenciers et conférencières» ont présenté différents points de vue sur les «migrations», thème… et enjeu de l’AQOCI pour 2020-2021.

Denise Otis du Haut-Commissariat des Nations Unies sur les réfugiés, Mouloud Idir, coordonnateur du secteur Vivre ensemble du Centre justice et foi, Janet Dench, directrice générale du Conseil canadien pour les réfugiés, Jill Hanley, professeure à l’École de travail social de l’Université McGill et co-fondatrice du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants et Amélie Nguyen, coordonnatrice du Centre international de solidarité internationale (CISO) ont, tour à tour, pris la parole pour dresser un large panorama du phénomène des migrations. «Du jamais vu depuis la Deuxième Guerre mondiale», a observé Mme Otis.

Image tirée de la présentation de Denise Otis

Il a été question du sort des réfugiés, des demandeurs d’asile, de toutes ces personnes qui, par la force des choses, doivent quitter leur pays d’origine, pour des raisons économiques, de sécurité, de survie.

Image tirée de la présentation de Denise Otis

Dans ce contexte de pandémie de COVID-19 où les frontières se dressent, voire se ferment, il y a fort à parier que leur sort ne s’améliorera pas, soutiennent plusieurs. Mme Nguyen, par exemple, craint le «repli sur soi».

Au-delà des «statuts» et des «catégories» de personnes, M. Idir en appelle à la «justice migratoire», évoquant la précarité dans laquelle vivent les migrants. Leurs droits sont bafoués, leur protection n’est pas assurée. Et cela même au Canada, soutient-il, qui pourtant «passe souvent pour un modèle», ses politiques relevant plutôt de l’«utilitarisme», juge-t-il. D’autres ont traité de la détention et de la criminalisation indues des réfugiés. Au Québec particulièrement, la détention s’avère pratique encore plus courante qu’ailleurs au Canada, a souligné Mme Dench.

La pandémie aura, par ailleurs, mis en lumière le sort des travailleurs saisonniers, eux dont la contribution à la production agricole, par exemple, a brusquement et «ironiquement» pris de la valeur. Mais qu’en sera-t-il de leurs conditions de travail et de logement?, s’inquiète la professeure Jill Hanley. Elle fonde l’espoir que ces travailleurs parviennent à se syndiquer pour revendiquer leurs droits, qu’ils ne soient plus considérés comme des citoyens de seconde zone.

Image tirée de la présentation de Jill Hanley

En organisant une formation sur ces enjeux, l’AQOCI cherchait aussi à trouver comment elle pourrait exercer sa mission éducative afin de favoriser la solidarité et la citoyenneté mondiale.

Il s’agit d’un défi, a reconnu Janet Dench, parce que cela nécessite de changer les mentalités, le discours ambiant étant plutôt «anxiogène» à l’endroit des migrants parfois perçus comme des «envahisseurs». Et que les migrations sont de plus en plus dangereuses et les frontières de plus en plus militarisées, a soutenu Jill Hanley pour sa part.

Image tirée de la présentation de Denise Otis

La solution ne peut qu’être collective, conviennent plusieurs. Pourtant, les porte-parole de ces organisations de défense de droits croient que c’est par la diffusion de témoignages personnels de migrants, le «story telling», qu’on peut faire appel à «l’intelligence du public», a dit Mme Otis.

M. Idir a évoqué l’idée de créer l’équivalent d’un GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui regrouperait des spécialistes des migrations dans le but de vérifier si les discours correspondent à la réalité, de s’assurer, par exemple, que le Canada respecte ses vingt engagements, comme les a présentés Mme Otis.

La fermeture des frontières en raison de la pandémie devrait être une occasion pour le Canada de donner la résidence permanente aux réfugiés déjà installés sur le territoire, a proposé Mme Dench.

Lors des périodes de questions, la solution des «villes sanctuaires» offrant refuge et asile aux sans-papiers a également été suggérée. Un moyen difficile à utiliser parce que les villes canadiennes sont aussi soumises à d’autres juridictions, provinciale et fédérale, a-t-on précisé.

On peut retrouver ces trois webinaires, l’AQOCI les ayant enregistrés en cliquant sur le lien suivant : https://www.youtube.com/playlist?list=PLmeBkVl9vfxZVoxa7bSsZoFNyFCro2cls

Hélène Ruel

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