Dans le cadre de la Semaine du développement international, nOula a invité au Québec Donald Donazald, agronome de l’Union des coopératives de café de Baptiste UCOCAB en Haïti.
Clément Roy, président de l’AQANU-Granby et région, s’est rendu à sa rencontre lors d’une présentation le 10 février dernier à Montréal.
L’agronome a soumis un compte rendu éloquent de la pertinence de la mise en marché faite par nOula du café produit à Baptiste.
En 2023, ce sont cinq conteneurs qui ont pu être exportés d’Haïti vers les États-Unis (3), le Japon (1) et Montréal (1). C’est bien peu si on compare ce nombre avec les 200 conteneurs qui étaient exportés d’Haïti il y a 50 ans, mais c’est beaucoup pour les paysans des huit coopératives qui forment UCOCAB.
AQANU-Granby et région a pour sa part vendu 450 kilos de café depuis 2020 seulement. C’est d’ailleurs l’AQANU-Granby et région qui avait semé les premiers jalons de tous ces projets en finançant une recherche de préfaisabilité en 2013 avec l’entreprise sherbrookoise Ecotierra.
Il faut savoir que seules les coopératives assurent la relance et la pérennité de la production du café en Haïti, Baptiste étant une région de choix pour cette relance. Le projet Carboneutre Ayiti a permis le reboisement de 30 hectares dégarnis jusqu’à maintenant et 50 autres qui le seront prochainement. Les parcelles sont souvent de 0,5 à un hectare. Cela veut dire que plusieurs familles sont impliquées dans le projet.
Il y a urgence à relancer cette production parce que les menaces sont nombreuses; plusieurs variétés disparaissent et il faut les remplacer par d’autres plus résistantes à la rouille. Les crédits carbone permettront d’augmenter le volume et la qualité de la production. La plantation d’arbres sur les parcelles et la possibilité d’y faire de la culture potagère sous les caféiers constituent un atout pour assurer la subsistance à court terme des producteurs. Le potentiel de culture du café et du cacao est très grand. On parle de 230 000 ha disponibles dans le pays.
Comme le café produit dans ce contexte n’est pas une monoculture, il devient un café de spécialité. En Haïti, le pied de café vaut cher et il est chéri par les paysans. Ces derniers sont très motivés à planter du café. Il faut aussi prendre en considération, l’aspect patrimonial du café et même son aspect spirituel.
Comme ailleurs, on se rassemble autour d’un café mais on s’en sert aussi lors de rituels. Le café est présent partout même dans la littérature comme l’illustre l’œuvre de Dany Laferrière «L’odeur du café».
Avec le projet Carboneutre Ayiti auquel collabore l’AQANU de Granby et Montréal, l’UPA-DI mène une recherche-action et emploie huit personnes. Ce sont des retombées directes dans la région. Ce personnel s’occupe de la plantation, de la maintenance, de la rénovation des parcelles et de la formation des paysans.
En 2024, il ne suffit pas d’augmenter la production. Il faut aussi développer les marchés extérieurs tout en assurant un bon prix pour les producteurs. Pour AQANU-Granby et région, l’engagement sur trois autres années représente un geste de solidarité envers tous ces producteurs.
Le processus d’économie circulaire a pu être bien démontré à la fin de la présentation de l’agronome. Ainsi, c’est men nan men (main dans la main ou en solidarité) que Donald Donazald de l’UCOCAB, Jean-Pierre Bégin de nOula, Clément Roy de l’AQANU-Granby et région et Mélanie Morel de l’UPA-DI ont pu montrer cette chaîne de solidarité.
Du producteur à l’importateur, au torréfacteur, aux vendeurs et aux buveurs quotidiens, puis un retour des bénéfices vers le projet mené par UPA-DI, la boucle est complète pour assurer longue vie au café d’Haïti.
Clément Roy