À l’AQANU, Jean Max St-Fleur fait partie de sa précieuse relève. Ce Cyber-bulletin lui donne la parole.
Jean Max St-Fleur, est le benjamin d’une famille modeste de cinq enfants, né à Carrefour, commune située à l’entrée sud de Port-au-Prince en Haïti.

Jean Max St-Fleur vit au Québec depuis 2019. (Photo gracieuseté)
Il a perdu son père en 1993 alors qu’il avait à peine 12 ans. Sa mère s’est battue donc toute seule pendant les années qui suivent pour prendre soin de lui et de ses quatre frères avant de s’éteindre, elle aussi, en mai 2000.
Avec le support d’une tante et de ses grands frères, Jean Max a surfé sur les vagues qui rendaient sa vie quelque peu agitée. Il termine ses études classiques en 2002 et décroche la même année un diplôme professionnel en ferronnerie. Puis, il rentre à la Faculté des Sciences humaines de l’Université d’État d’Haïti pour des études en communications sociales. Alors qu’il est aux études, il bénéficie, en 2006, d’un stage académique au journal Le Nouvelliste, le plus ancien quotidien haïtien. Après ce stage, il obtient un poste à temps plein au journal et y restera jusqu’au 12 janvier 2010. Ce jour-là, il avait à peine laissé le journal, quand le séisme secoua le pays. Deux ans avant ce cataclysme, Jean Max avait déjà perdu son cousin, avec qui il a grandi, dans l’effondrement d’une école en plein coeur de Pétion-Ville.
Le séisme du 12 janvier lui a porté à changer un peu son fusil d’épaule pour une mission sociale qui est celle d’informer et sensibiliser les communautés haïtiennes sur les catastrophes naturelles hydro-météo et sismiques auxquelles elles sont exposées.
Urgence humanitaire
Jean Max bénéficie en septembre 2010 d’une bourse d’études pour une maîtrise avancée en action humanitaire à l’Université de Genève en Suisse.
«Cette étude a ouvert la voie à cette envie, cette volonté qui m’habitait pour venir en aide à la protection civile haïtienne. Il y avait beaucoup de modules portant sur les désastres et réponses humanitaires.»
Il a ensuite enchaîné des formations complémentaires en Belgique, au Canada et en Haïti dans la gestion des risques et désastres. De 2011 à 2019, Jean Max a passé le plus clair de son temps sur le terrain, un peu partout à travers le pays, avec des agences des Nations Unies et de la Direction de la Protection civile, dans la
sensibilisation des communautés face aux risques et désastres naturels.
«Les catastrophes naturelles m’ont volé des êtres chers que je n’ai pas eu le temps d’aimer. Je me suis alors engagé à contribuer autant que je peux à sauver des vies que je ne connais pas.»
Comme tant d’autres jeunes professionnels haïtiens, l’insécurité grandissante qui affecte Haïti, le contraint, en décembre 2019, à fuir le pays pour venir s’installer au Québec avec sa petite famille. «Auparavant, j’ai eu la possibilité de rester en Suisse, aux États-Unis et au Canada; j’ai toujours refusé parce que je me disais que Haïti a beaucoup plus besoin de moi. Surtout qu’il y a très peu de cadres formés dans le domaine humanitaire et de la gestion des urgences dans le pays.»
Ce qui le console un peu, c’est qu’il reste toujours attaché à la protection civile haïtienne à titre de bénévole pour continuer à se mettre au service de son pays même à distance.
Au Québec comme en Haïti
«Le ciel m’a souri quand je suis arrivé à Montréal. D’abord, j’ai eu la chance de rejoindre la branche de l’AQANU-Montréal. Là, j’ai trouvé non seulement un morceau d’Haïti à travers les collègues et l’accueil que j’ai reçu, mais aussi une étincelle de ma passion professionnelle. Ma première tâche était de contribuer au document de politique sur la gestion des risques et la sécurité humaine pour AQANU.»

Journaliste, Jean Max a enchaîné les formations sur les risques et désastres.
(Photo gracieuseté)
Avec sa femme et son petit garçon, Jean Max se taille une belle place dans la communauté québécoise. Depuis qu’il y est, il a déjà offert ses services à titre de coordonnateur de site à la Croix-Rouge canadienne dans le cadre des actions gouvernementales pour combattre la pandémie de coronavirus.
Il travaille depuis 2021 comme chargé de projet au CIUSSS Centre-Sud de l’Ile de Montréal. Il est actuellement membre du conseil d’administration de l’AQANU et responsable du comité de communication de l’association.
Le 50e de l’AQANU
«Je retire mon chapeau devant ceux et celles qui ont pris l’initiative de créer AQANU. Cela fait 50 ans que cet arbre planté soigneusement par des gens qui ont Haïti à coeur offre de ses fruits aux paysans haïtiens dans les bons comme dans les mauvais moments. Nous souhaitons vivement que cet arbre tienne debout encore longtemps. Très longtemps. Et que d’autres volontaires viennent. Il y a de la place. Comme dit le proverbe birman : «Un bon arbre peut loger dix mille oiseaux».»
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=hEjzioA66FE[/embedyt]
Une anecdote
«J’aime le Québec. La seule chose qui ne me donne pas chaud au coeur jusqu’à présent, c’est le froid. Mais ça, je pense pouvoir m’y adapter avec le temps. Ici, même le soleil porte son manteau quand il se lève.»
Par Jean Max St-Fleur
stfleurjeanmax@gmail.com