Des nouvelles de sœur Mamoune et de ses consœurs de Fort Liberté

Sœur Marie Mamoune Maurice ne désespère pas – et l’AQANU non plus – même si l’on s’attendait à ce qu’elle puisse soutenir sa thèse doctorale quelque part ce printemps.

On se souvient que la Fondation Jacques et Michel Auger, la Fédération de l’enseignement collégial (CSQ), l’AQANU et sa communauté des Petites sœurs de Sainte-Thérèse (PSST) ont financé la recherche doctorale de sœur Mamoune sur les facteurs de réussite scolaire en milieu défavorisé en Haïti.

Sœur Mamoune croit pouvoir déposer sa thèse avant la fin de l’année, souhaitant, auparavant, réaliser un stage de développement professionnel de trois mois.

Elle vient tout juste d’obtenir une bourse Excellence et Diversité de la Faculté des sciences de l’éducation – Volet persévérance scolaire, après étude de son dossier universitaire de l’Université Laval.

Pour sa persévérance, sœur Marie Mamoune Maurice a décroché une bourse d’excellence. On la reconnaît ici en compagnie d’autres récipiendaires. (Photo de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval)

Sa persévérance l’honore, comme celle de ses consœurs des PSST.

Sœur Mamoune en témoigne d’une certaine façon, ayant écrit un article à paraître dans le numéro de juin du magazine Verdoyante Haïti sur le Centre agropastoral des PSST à Fort Liberté, situé dans au nord-est d’Haïti.

Elle y rappelle que cette ferme d’une superficie de 19 hectares créée il y a dix ans à partir d’un projet avec la Croix rouge américaine a développé de nombreuses activités agroalimentaires.

«La vision du Centre agropastoral est de valoriser les ressources locales, vulgariser l’agriculture écologique autour d’une production intégrée et d’échanges d’expériences contribuant significativement au développement de l’île d’Haïti», écrit-elle.

Elle décrit tout ce qui se cultive, s’élève, se transforme, s’enseigne, se partage au Centre, et cela grâce à la contribution de diverses fondations et organisations, dont l’AQANU.

Distribution d’œufs de table pour enrichir le repas des écoliers. (Photo PSST)

S’avèrent nombreuses les activités de la ferme : productions végétales, productions animales (porc, chèvre, lapin, canard, poulet de chair), pisciculture, transformation de produits locaux, commercialisation de produits transformés, distribution d’œufs de table dans huit écoles et l’orphelinat des PSST, scolarisation des enfants des paysans travaillant sur la ferme et d’autres enfants de la zone, atelier de couture et de manufacture, formations et offres de stages aux écoles professionnelles de la zone, aménagement d’un espace zoologique pour des espèces en voie de disparition en Haïti comme les perruches et les tortues.

Perruches et tortues sont en voie de disparition en Haïti. Des espaces leur ont été aménagés au Centre agropastoral. (Photo PSST)

L’AQANU-Granby soutient des projets au Centre agropastoral depuis trois ans, finançant ceux de l’aquaponie et de l’hydroponie et cofinançant la deuxième unité de production d’œufs de table. Les deux premiers ne sont pas encore réalisés en raison de la crise qui paralyse le pays depuis plus de deux ans. Par la Fondation Louise Grenier, l’AQANU soutient aussi la plantation de moringa et cofinance celle de plantes médicinales.

Sœur Mamoune ne néglige pas d’énumérer les contraintes et les défis qui confrontent le Centre.

La crise de la main-d’œuvre en représente une de taille, imputable à plusieurs facteurs comme l’exode rural, la dévalorisation du travail agricole les problèmes financiers. Le ministère de l’Agriculture ne dispose pas assez d’équipements pour aider la population à faire face à cette pénurie, soutient-elle.

Le salaire réclamé par un travailleur agricole représente également un défi pour les entrepreneurs. Et puis, comme au nord, les changements climatiques ont un effet néfaste sur l’agriculture.

Enfin, le Centre a besoin de ressources humaines diversifiées pour son entretien; la présence d’ingénieurs-agronomes, de gestionnaires, d’éleveurs, de vétérinaires, etc.

Elle conclut en disant que dans le contexte de la crise pluridimensionnelle secouant actuellement Haïti, l’agriculture devrait constituer l’un des principaux vecteurs de développement du pays. Or, elle est traitée au second rang par l’État. L’autonomie et la pérennité de la ferme des PSST restent une priorité pour les responsables du Centre, affirme-t-elle.

«À l’instar de plusieurs études scientifiques et du fondateur des PSST (le révérend Père Louis Farnèse Louis Charles) nous croyons que l’agroécologie peut nourrir le monde, donc peut nourrir Haïti. Que la terre, mère nourricière de l’humanité, nourrisse tous ses enfants!», écrit-elle.

Hélène Ruel

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