Deux autres rapports l’un en provenance de Bourg d’Aquin et l’autre de Corail ont été déposés afin de rendre compte de l’utilisation des sommes totalisant 27 550 $ que l’AQANU a versées en aide d’urgence aux victimes du séisme du 14 août dernier. Les deux tiers de cette somme ont été remis aux Petites soeurs de Sainte-Thérèse (PSST) pour les communautés de Baradères et de Vieux Bourg d’Aquin. L’autre partenaire, l’Amicale pour le développement de Corail, en a reçu le tiers. Du côté de Bourg d’Aquin, soeur Jeanne Martha Pantal a expliqué que des agents de santé avaient été chargés de recenser les enfants malades afin qu’ils puissent être vus par un médecin, recevoir gratuitement les médicaments qui leur étaient nécessaires et un kit alimentaire. Au total, avec l’argent de l’AQANU, les religieuses ont pu venir en aide à une soixantaine d’enfants dénutris. Problèmes respiratoires, infection, parasites intestinaux affligent ces enfants. L’Amicale a fait une différence Membres de l’AQANU-Outaouais, tous deux originaires d’Haïti et y ayant séjourné au cours des derniers mois, Gertha Janvier et Michel Décoste se sont montrés reconnaissants à l’égard de l’Association. Dans un rapport détaillé, Michel, revenu d’Haïti le 31 octobre, explique qu’au lendemain du séisme, un comité d’urgence avait été mis sur pied par l’Amicale de développement de Corail (ADC), Corail étant une commune de la Grand’Anse, située à 260 km de la capitale.
Une distribution à Sousma (Photo Michel Décoste)
«Grâce à l’appui d’un comité d’urgence mis en place par l’ADC, les paysans des campagnes aussi ont été approvisionnés en eau traitée (1200 sacs) et (4) camions d’eau de service. Nous avons desservi des zones rurales et reculées telles que : Carrefour Charles, Fondicaque, Astier, Paris, Sousmorne, Sousma, Lacombe, Corail, Campeche, Patte Large, Boucan Noel, Duquillon, Marion, Mapou, Collinette et Abeille. Plusieurs ont déploré l’absence de l’aide du gouvernement haïtien. Ils ont exprimé leur gratitude en disant que l’ADC est la première organisation à les avoir secourus avec la distribution d’eau traitée et au moment où le manque d’accès à l’eau potable se faisait sentir», écrit Michel.
Il poursuit en écrivant que plusieurs autres tentatives d’aide ont échoué, parce que des camions ont été pillés en route par des personnes «fortes et affamées». La proximité et la relation qu’a établie l’Amicale avec sa communauté ont favorisé la distribution.
«Nous avons commencé avec la distribution d’une vingtaine de prélarts (bâches), ce qui constituait et demeure une denrée rare, sur le terrain. La semaine suivante, ADC avait procédé à une distribution de nourriture à presque mille personnes, une fois par semaine, selon les moyens du bord et en attendant l’arrivée d’autres organisations telle que Food For the Poor.»
Un regain d’activité et d’espoir pour des petites marchandes (Photo Michel Décoste)
Michel précise que jusqu’au 11 octobre, l’aide n’était pas encore arrivée à Corail et que sa présence constituait une lueur d’espoir«étant donné que l’Amicale pour le Développement de Corail avait déjà distribué en urgence de l’eau traitée et de la nourriture et des prélarts».
«Le lendemain de mon arrivée, une rencontre avec le comité d’ADC a été organisée. Des membres se sont entendus pour recueillir des données leur permettant d’identifier les besoins et définir comment on peut leur venir en aide à la mesure des moyens disponibles. Il était donc convenu de continuer la distribution de nourriture et de l’eau puisque le pays est bloqué et il y a un manque d’argent dont tout le monde se plaint. Tout le monde a faim et a besoin de tout.
Par la suite, les membres de l’ADC ont dressé une liste de familles nécessiteuses les plus vulnérables qui ont tout perdu, lors du séisme. On a versé 400 HD, soit 34 $CAN par bénéficiaire, leur permettant ainsi de survivre en attendant d’autre aide. Cette allocation de survie a été versée à 102 familles nécessiteuses pour un total de 40,900 HD, équivalant à 26 $ CAN.»
Pénurie de carburant
Comme si ce n’était pas assez, une pénurie de carburant paralyse toutes les activités commerciales et empêche tout déplacement, note Michel. «Le bateau transportant le riz, le pois et l’huile commandés n’est pas arrivé au moment prévu. Les prélarts additionnels aussi tardent à arriver à cause de la situation catastrophique qui paralyse la capitale haïtienne. La rareté du carburant et l’insécurité qui a atteint un niveau irréversible empêchent tout déplacement. En dépit de cette insécurité quasi généralisée, Corail et ses environs, demeure une zone ou les gens vivent en toute quiétude.»
Profitant de son séjour, Michel a passé en revue les projets soutenus par l’Amicale et l’AQANU, dont le service de parrainage. Il a procédé à la distribution de livres offerts par la Bibliothèque Louis-Fréchette, organisé un séminaire pour une soixantaine d’enseignants souhaitant apprendre à utiliser des cahiers d’exercices ainsi que des méthodes pour former leurs élèves à la lecture. S’il retourne à Corail l’an prochain, il voudrait répondre aux besoins d’apprentissage en matière d’informatique que lui ont manifesté les enseignants.
Une soixantaine d’enseignantes et d’enseignants ont profité d’une distribution de livres et d’un séminaire offert par Michel Décoste. (Photo Michel Décoste)
Une soixantaine d’enseignantes et d’enseignants ont profité d’une distribution de livres et d’un séminaire offert par Michel Décoste. (Photo Michel Décoste)
«J’ai laissé Corail avec la satisfaction de mission bien accomplie. Toute l’aide a été dirigée vers les plus démunis surtout à la campagne où vivent les paysans de l’arrière-pays, trop souvent oubliés. ADC a fait une différence dans leur vie en leur apportant de l’aide inespérée. Les personnes aidées sont vraiment satisfaites et ça leur donne l’espoir de vivre. Définitivement, ma présence sur le terrain a fait toute une différence puisque les collaborateurs
locaux qui n’avaient pas cessé de me répéter qu’ils sont aussi des sinistrés, étant obligés d’apporter l’aide à un groupe de gens plus démunis qu’eux.»
La prochaine étape
Au nom des bénéficiaires de Corail, je tiens à remercier tous les donateurs, spécialement les Canadiens, Québécois, Coraillais de la diaspora et le CA de l’AQANU. Grâce à vos généreux dons et votre soutien, ADC a pu secourir plusieurs communautés, particulièrement les paysans, les vieillards, les handicapés qui sont toujours les oubliés du système, même en cas de catastrophe. Il reste que la majorité de cette population ayant perdu leur gagne-pain et leur logement persiste à démontrer une volonté de regain d’énergie et d’espoir, malgré les barrières inhérentes au sous-développement. La prochaine étape devrait être, à mon humble avis, axée sur le relèvement précoce ou l’habitat et la création d’emplois deviendraient prioritaires.»
