Texte tiré du Ctber-bulletin 13.5 de l’AQANU
S’il est un projet qui «résonne», c’est bien celui de la fanfare Zachary-Lauzière de Corail en Haïti, un «projet à succès», comme le qualifient Gertha Janvier et son époux Michel Decoste, tous deux originaires de la région de Corail.
Ils rappellent les origines de cette fanfare Zachary-Lauzière ainsi nommée afin de rendre hommage à la mémoire du petit-fils (1993-2013) de leur couple d’amis, Moyra et Paul Lauzière.
À l’occasion de l’un de leurs annuels séjours à Corail (Grand’Anse), les Decoste avaient bien entendu le curé annonçant en chaire son intention de créer une fanfare.
De retour au pays, Gertha et Michel se sont mis en quête d’instruments de musique (saxophones, trombones, cymbales, trompettes, tubas), les ayant trouvés dans les marchés aux puces et par des sites de petites annonces. Même Pierre Gosselin de l’AQANU-Outaouais avait cédé son saxophone, rappelle Gertha, toujours reconnaissante.
Les Decoste expliquent que dans la plupart des villages haïtiens, existe une fanfare appelée à se produire lors de cérémonies religieuses, de funérailles, de la fête du drapeau, d’ouverture de matchs de soccer. Jusqu’à la création de la fanfare Zachary-Lauzière, la communauté de Corail devait recourir aux services de fanfares de localités avoisinantes, ce qui lui occasionnait des coûts.
Pendant deux ans, les instruments de musique ont été entreposés au presbytère sans qu’ils soient utilisés.
Les Decoste les ont repris et avec l’aide financière de leurs amis Lauzière, ont pu créer la fanfare, l’idée ayant déjà suscité l’intérêt des jeunes. Chaque année, par l’intermédiaire de l’Amicale pour le développement de Corail, les Lauzière ont adopté ce que les Decoste appellent un «rituel», sollicitant les fonds nécessaires à l’achat et à l’entretien des instruments. Ils avaient d’ailleurs, au préalable, payé le salaire du professeur de musique. «Les Lauzière nous avaient accompagnés à deux reprises à Corail. Ils nous ont toujours encouragés et soutenus», disent Gertha et Michel.
«Aujourd’hui, Madame Dolene, la responsable de la fanfare, fait un travail exceptionnel. Elle est très dévouée et prend ce projet à cœur. Sous sa gouverne, la fanfare a atteint un niveau de professionnalisme remarquable. Les uniformes des musiciens leur procurent l’allure de vrais artistes. La fanfare compte 20 jeunes dont 11 filles et 9 garçons, une exception en soi», décrit Michel Decoste. L’ensemble musical est sollicité surtout en milieu rural, quatre ou cinq fois par mois. On peut se faire une idée de la fanfare en visionnant un extrait de leur prestation (https://youtu.be/nWdNC9-K6BU)
Le couple Decoste dit encore que l’AQANU peut s’enorgueillir d’avoir patronné cette initiative. En fait, l’Amicale pour le développement de Corail (ADC) constitue une sorte de «satellite» de l’AQANU-Outaouais, l’Amicale soutenant également d’autres projets dans cette communauté haïtienne.
Quelques jeunes membres de la fanfare Zachary-Lauzière (Photo gracieuseté)
L’ADC a été fondée après le tremblement de terre de 2010 pour entreprendre des projets de développement durable dont l’aide aux écoliers démunis, le parrainage, l’aide alimentaire d’urgence, une école d’économie domestique pour les jeunes mères célibataires. Un reçu à des fins fiscales est délivré par l’AQANU-Outaouais pour tous les dons envoyés à ADC Corail. Un article du Cyber-bulletin de juillet 2020 en retraçait l’histoire. (https://www.aqanu.org/une-histoire-damour-et-de-partage/)
L’existence de la fanfare participe aussi à l’économie de Corail puisqu’elle est source de revenus pour les musiciens. Elle s’autofinance presque, remarque Michel. Il ajoute que le transport coûte cher, les jeunes musiciens étant appelés à se produire dans un rayon de 10 à 20 kilomètres du village de Corail, voyageant à moto dans les montagnes.
Gertha et Michel espèrent que la fanfare puisse s’institutionnaliser, c’est-à-dire favoriser sa propre relève, les actuels musiciens pouvant former leurs jeunes successeurs.
Michel Decoste et Hélène Ruel
