Texte tiré du Magazine AQANU ( Cyber-bulletin 16.1) de septembre 2025
Luc Allaire au nom de l’AQANU participait au Grand rendez-vous des États généraux québécois de la solidarité internationale qui s’est tenu à l’Université de Montréal du 2 au 4 juin dernier. Il nous partage ici son expérience.

Luc ALLAIRE ( photo Hélène Ruel)
Du 4 au 6 juin, j’ai participé au nom de l’AQANU au Grand rendez-vous des États généraux québécois de la solidarité internationalequi s’est tenu à l’Université de Montréal. Nous avons alors longuement discuté du contenu d’une Déclaration d’engagement des États généraux québécois de la solidarité internationale, qui a été adoptée à l’unanimité.
Ces États généraux se sont tenus dans le contexte suivant : « Au cours des deux dernières décennies, le domaine de la solidarité internationale a connu des transformations majeures. La prise en compte des enjeux environnementaux et climatiques occupe désormais une place centrale et urgente dans un contexte mondial où la justice sociale et la résilience sont devenues indissociables des actions de solidarité. Parallèlement, les défis globaux se sont amplifiés, avec la montée des inégalités, des conflits et des crises humanitaires. »
Cet événement majeur, organisé par l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI), visait à réaffirmer la place de la solidarité internationale en regard aux grands enjeux mondiaux. Il a rassemblé près de 400 participantes et participants du Québec et d’une vingtaine de pays, incluant le Canada, soit des actrices et acteurs des organismes de coopération internationale, leurs partenaires, leurs alliés des mouvements sociaux québécois et des personnes intéressées par la solidarité internationale.

Michèle Asselin, directrice générale de l’AQOCI ( Photo Luc Allaire)
Il s’agissait de la deuxième édition de ces États généraux organisés par l’AQOCI, la première édition ayant eu lieu il y a 18 ans.Des plénières, des ateliers et des espaces de réseautage ont animé les participantes et participants pendant trois jours, leur permettant de réfléchir aux enjeux de solidarité internationale, d’adopter une déclaration d’engagement intitulée « Agissons pour un monde juste »et d’identifier des pistes d’action communes.
Le Grand rendez-vous affirme la vitalité du réseau québécois de solidarité internationale, porté par plus de 70 organismes membres de l’AQOCI, des partenaires et des milliers de bénévoles mobilisés. « En alliance avec les mouvements sociaux québécois, cet événement rassembleur donne le coup d’envoi d’un mouvement collectif plus vaste qui s’ancrera globalement, ici et à l’international », souligne Michèle Asselin, directrice générale de l’AQOCI.
Le Grand rendez-vous est marqué par le contexte du désengagement des États-Unis face à l’aide internationale et la réduction drastique du financement de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), qui soutenait près du tiers de l’aide internationale, ce qui menace la capacité des organisations à répondre aux besoins les plus urgents.À cela s’ajoute le désengagement préoccupant de plusieurs partis politiques et gouvernements qui refusent de reconnaître leur responsabilité face aux inégalités croissantes et à la crise climatique et environnementale.
« Les grandes crises actuelles — qu’elles soient climatiques, sanitaires, économiques ou humanitaires — ne s’arrêtent pas aux frontières et ont des répercussions partout, incluant au Québec. Face aux défis de notre époque, notre seule alternative comme humanité est la solidarité internationale,explique Michèle Asselin. »
La Déclaration se veut un engagement renouvelé en faveur de la solidarité internationale pour les groupes de la société civile québécoise afin d’inspirer des actions collectives, des changements organisationnels, le renforcement de collaborations et le développement de nouvelles alliances.
Urgence Palestine
Parmi les actions qui ont été identifiées lors de ces États généraux, soulignons la volonté de mobiliser les organisations de coopération internationale et la population générale à rejoindre la campagne « Sortons la Caisse de dépôt et placement du Québec des crimes en Palestine » et renforcer les pressions sur les divers paliers gouvernementaux pour mettre fin à toute complicité économique et militaire avec l’occupation et les violations du droit international humanitaire.
Marche mondiale des femmes
Les participantes et participants aux États généraux se sont aussi engagés à renforcer la mobilisation féministe internationale en vue de la 6eaction internationale de la Marche mondiale des femmes (MMF) en participant en grand nombre à l’événement du 18 octobre 2025 à Québec et à ses activités connexes (régionales et nationales),en facilitant la venue au Québec de femmes de pays du Sud global et en soutenant les coordinations de la MMF ailleurs dans le monde.
La lutte contre la montée de la droite et le recul des droits est aussi devenue un enjeu majeur. L’objectif est de contrer les attaques menées par l’extrême droite et les mouvements autoritaires envers les populations marginalisées en travaillant activement en solidarité avec d’autres mouvements sociaux, comme les organisations féministes, 2ELGBTQI+2, antiracistes, autochtones, syndicales, environnementales et de défense des droits des personnes migrantes.
Lutte pour la justice climatique
Enfin, les participantes et participants aux États généraux québécois de la solidarité internationale ont dénoncé les fausses solutions climatiques et l’écoblanchiment qui affectent particulièrement les populations du Sud global. Ils souhaitent documenter les impacts réels de ces pratiques, en partageant des outils de sensibilisation pour le public québécois et en exerçant un plaidoyer pour des cadres réglementaires contraignants.
Luc Allaire