L’AQANU, de tête et de cœur pour Pierre Dextraze

Ce texte d’Hélène Ruel est tiré du Cyber-Bulletin 9.8 de l’AQANU

Dans deux ans, Pierre Dextraze pourra célébrer ses «noces d’or» avec l’AQANU lui qui, en 1972, en compagnie des sylvifrancs Robert Arsenault et Roland Gingras, fondait l’Association.

Le fameux trio des cofondateurs de l’AQANU. Au centre, Pierre Dextraze entouré des Victoriavillois Robert Arsenault à gauche et Roland Gingras à droite. (Photo gracieuseté)

Les trois enseignants s’étaient connus en Haïti lors d’un stage organisé par André Dallaire de la branche Ville-Marie de l’Association canadienne des Nations unies. Cette dernière s’activait à promouvoir les Nations unies, entre autres par des stages et des conférences.
Alors tout jeune enseignant en mathématiques et en sciences physiques, Pierre Dextraze avait, pour la première fois, foulé le sol haïtien en 1970. Curieux de voir, comme il dit, «la réalité d’un pays sous-développé» pour, ensuite, souhaiter encourager les Haïtiens. «Et cela sans prétendre révolutionner le pays.»
À l’époque, les stages dispersaient quelque 200 participants et participantes dans plusieurs régions d’Haïti. Chaque groupe se composait de 15 à 18
personnes.
Dès 1971, Pierre Dextraze devenait responsable de l’équipe de direction des stages. C’est André Dallaire qui a donné au trio d’enseignants l’élan pour créer l’AQANU. «Il nous avait suggéré de nous servir des recettes des stages et des voyages socioculturels pour le financement de projets de développement. C’est ce qui a servi d’ancrage à l’AQANU.»
La nouvelle association a concentré ses actions en Haïti, après avoir aussi essayé de s’implanter à Cuba et en République dominicaine, se souvient M. Dextraze. «C’était plus compliqué dans ces deux pays, alors on a abandonné.»

À l’occasion du 40e anniversaire de l’AQANU, le 25 août 2012, les cofondateurs de l'AQANU en présence de Grégoire et Véronique Ruel

À l’époque s’offraient tous les ans, la possibilité d’un séjour en Haïti l’été, aux vacances de Noël et à Pâques.
En un peu plus de 20 ans, le Montréalais Pierre Dextraze s’est rendu en Haïti
au moins une quarantaine de fois, moins, souligne-t-il, que son collègue victoriavillois, Roland Gingras. «Lui, il s’y est rendu plus d’une centaine de fois.
Même s’il n’a pas remis les pieds en Haïti depuis une vingtaine d’années, Pierre Dextraze est resté fidèle et actif à l’AQANU, notamment à titre de responsable du comité de projets.
Ce comité a pour tâche d’examiner les projets soumis par les différentes régions de l’AQANU, d’en analyser la pertinence, d’émettre avis et commentaires.
C’est cette fonction particulière qu’il vient tout juste de quitter. Lors de sa dernière assemblée générale annuelle, l’AQANU lui a manifesté sa reconnaissance. Amplement mérité, un certificat lui a été remis pour avoir été membre fondateur de l’AQANU, pour son engagement continu envers l’association et le peuple haïtien, pour avoir assumé de multiples fonctions à l’AQANU, dont la présidence et pour y être encore un membre actif.
Tout en restant membre de l’AQANU, le Laprairien de 76 ans dit que la motivation commence à lui manquer pour mettre l’épaule à la roue. Le recrutement demeure difficile dans la région montréalaise où se trouvent de grandes organisations ayant aussi à coeur le développement international.
Invité à jeter un coup d’oeil au rétroviseur de son long engagement, il parle du peuple haïtien comme d’un peuple qui reste «merveilleux», super sympathique malgré tout ce qu’il traverse comme «ouragans». «C’est sûr que ça boite un peu (beaucoup) et que faire fonctionner quelque chose dans ce pays, c’est un art.»
Il évoque, entre autres, le cas de l’École de formation professionnelle Sgt Mark Gallagher, que l’AQANU continue de soutenir. «Il y a aussi plein de choses que l’AQANU a permis de construire et qui existent encore, des installations de captage d’eau, des centres communautaires, des écoles, etc.»
S’il éprouve des regrets, ceux-ci concernent davantage le climat sociopolitique qui bloque le pays, les conditions dans lesquelles la population tente de survivre, l’absence de structures pour le commerce et le tourisme.
«Sur la même île pourtant, la République dominicaine peut compter sur le tourisme comme source de revenus.»
Pour les visiteurs et les coopérants, l’Haïti d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle des années 1970. «L’Haïti que j’ai connue nous permettait d’aller de Port-au-Prince aux Cayes ou au Cap-Haïtien en voiture et sans escorte.»
Quant à l’AQANU, si elle poursuit la même mission qu’il y a près de 50 ans, sa «mentalité» a changé, dit-il. «Parce que dans les années 1970, les gens ne connaissaient pas Haïti et ne voyageaient pas autant qu’aujourd’hui.
Son engagement à l’AQANU lui a fait vivre, dit-il encore, de beaux moments et plein de solidarités.
Hélène Ruel

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