L’AQANU : toute une famille pour une «combite» en Haïti

Si la pandémie a pu freiner des projets de l’AQANU au cours des dernières années, en 2023, c’est davantage le «terrible et inhumain état d’insécurité devenu chronique en Haïti» qui les a sérieusement limités, a, déclaré, d’entrée de jeu, le président de l’AQANU, Dr Emilio Bazile, livrant son rapport annuel.

Une vingtaine de personnes ont participé à l’assemblée générale annuelle de l’AQANU dans les locaux de l’UPA à Longueuil le samedi 18 novembre, jour du 220e anniversaire de la bataille de Vertières, la «victoire des esclaves» en Haïti comme l’ont rappelé Dr Bazile et Grégoire Ruel à qui on avait confié la présidence de l’assemblée. 

Le président de l’AQANU, Emilio Bazile (Photo Hélène Ruel)

Le président de l’AQANU a décrit les conditions dans lesquelles vit le peuple haïtien, particulièrement celles des paysannes et paysans qui ne peuvent se déplacer sans risques pour acheter ce dont ils ont besoin et vendre ce qu’ils produisent.

«C’est toujours une question de survivance et une question épineuse de se protéger contre les enlèvements, kidnappings, demandes de rançons, viols des femmes, des femmes âgées, tueries gratuites avec les cadavres gisant dans les ravins tout seuls à ciel ouvert, se cacher en empruntant des nouvelles routes de fortune, de pillage et incendies des quartiers comme Carrefour, Martissant, Carrefour-Feuilles, Bas-Delmas.»

Et malgré tous ces plans de sauvetage et réunions d’instances internationales, rien, jusqu’à maintenant n’a permis de sortir «nos amies et amis haïtiens des ténèbres inhumaines de la tyrannie des gangs armés», a ajouté le président.

On ne peut, a-t-il précisé, ignorer les «conditions de lutte de nos partenaires haïtiens». Voilà pourquoi il tenait à amorcer son rapport en abordant ces douloureuses questions.

Mais en dépit du climat d’insécurité en Haïti, l’AQANU maintient ses liens tout autant avec des partenaires haïtiens qu’avec des organisations et fondations d’ici pour soutenir différents projets de développement. Il a dit de l’AQANU qu’elle était une famille travaillant 36 heures par jour pour une sorte de «combite» en Haïti (en créole, la combite, est ce travail solidaire de gens d’une communauté s’unissant pour des tâches de nature agricole qu’on pourrait traduire, au Québec, par «bis» ou «corvée»).

Dans son bilan, le président a résumé les activités tant du conseil d’administration que celles des différents comités nationaux et régionaux, énumérant les projets en cours soutenus par les régions de Montréal, d’Outaouais, de Granby et des Bois-Francs.

Il a rappelé avec contentement la fameuse soirée des retrouvailles du 50e anniversaire de l’AQANU en novembre 2022, laquelle a réuni une soixantaine de personnes et, fait exceptionnel, les trois signataires de l’acte de naissance de l’Association, Pierre Dextraze, Roland Gingras et Robert Arsenault.

Se projetant dans l’avenir, Emilio Bazile a parlé du travail que l’AQANU, amorçant sa 51e année d’existence, mènera cette année afin de se doter d’une nouvelle planification stratégique, un «outil important pour notre vie associative». Dr Bazile espère que ce plan stratégique puisse être soumis à l’assemblée générale annuelle de 2024.

Hélène Ruel

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