Le «combat» de SOJETHO

Le «combat» de SOJETHO

Encore quelques mois et commencera bientôt la distribution des cabris à une trentaine de familles de la région de Thomonde, lesquelles recevront également une formation pour améliorer leurs techniques d’élevage.

Ce projet né d’un partenariat entre l’organisme haïtien Solidarité des jeunes de Thomonde (SOJETHO) et l’AQANU-Bois-Francs a reçu le soutien financier de la Fondation internationale Roncalli, une somme de 34 500 $.

C’est dans cet environnement que SOJETHO offrira la formation aux paysans. (Photo SOJETHO)

Le projet consiste à augmenter le cheptel, à développer une véritable filière caprine. Des cabris seront distribués à des familles selon des critères déterminés par SOJETHO, les veuves étant priorisées.

Lors d’un échange Zoom avec Reginald Sorel de l’AQANU-Bois-Francs, Wilson St-Brun, coordonnateur du projet pour l’organisme SOJETHO, se montre confiant quant à la réalisation des étapes subséquentes. Parce que la première phase, les installations matérielles, est à peu près finie. On a construit bureau, entrepôt, enclos. Ne restent que des travaux de peinture, de couverture et de bétonnage à entreprendre, ce qui a donné lieu à une corvée ces derniers jours.

On a bâti un bureau. (Photo SOJETHO)

À la suite de discussions, il a été décidé que la distribution des cabris (probablement en avril) se fera à partir de la ferme d’élevage et que dans son nouvel enclos SOJETHO ne gardera que les géniteurs.

Parce qu’on veut que le projet se pérennise et, c’est le cas de le dire, fasse des petits, un comité de gestion sera formé et les bénéficiaires devront s’engager par contrats.

«Je suis un homme qui admire les solutions!», s’exclame Wilson après qu’on lui ait demandé de décrire les conditions dans lesquelles vit la communauté de Thomonde.

Le calme est à peu près revenu dans cette région agitée par des événements violents il y a quelques mois. La justice populaire avait dû abattre son bras, l’État n’étant pas en mesure de le faire.

La pénurie d’essence persiste, note Wilson. Elle s’achète à gros prix dans les rues.

Par ailleurs, le choléra n’a pas fait trop de victimes à Thomonde, une brigade de jeunes ayant été formée pour sensibiliser la population aux mesures de prévention. Et c’est fort heureux parce que dans la région, aucun centre ne pourrait traiter les malades, souligne le porte-parole de SOJETHO.

L’accès aux banques est difficile, mais possible. Il faut s’armer de patience pour s’y rendre. Chaque transaction bancaire requiert une journée.

Les constructions ont donné lieu à des corvées. (Photo SOJETHO)

Wilson évoque le manque d’eau potable, l’inefficacité des infrastructures sanitaires, l’absence d’investissements, l’inflation galopante qui pousse les jeunes dans les gangs et les filles vers la prostitution, l’effondrement de l’État ce qui engendre la croissance d’une «économie criminelle». Malgré tout, il mise fort et encore sur l’entraide des gens de la communauté.

«C’est un combat! Nous revenons de l’université dans notre région pour mener ce combat avec l’espoir de poser un pion afin d’assurer une vie meilleure à la prochaine génération.»

Et c’est aussi en pensant à la génération future que l’avocat haïtien dit avoir été le premier à lancer une campagne pour réclamer la réouverture des écoles.

Il termine l’entretien en disant que ces jours-ci le Canada fait la une en Haïti avec sa décision d’imposer des sanctions supplémentaires à l’encontre de certains membres de l’élite haïtienne. On peut lire le communiqué du gouvernement fédéral en suivant ce lien : https://www.canada.ca/fr/affaires-mondiales/nouvelles/2023/01/le-canada-impose-des-sanctions-supplementaires-contre-des-membres-de-lelite-haitienne.html.

«Ces sanctions représentent un grand soulagement pour la population haïtienne. Il faut mettre de la pression sur l’élite et les politiciens qui tirent avantage de la «gangstérisation». Si le Canada et les États-Unis s’allient pour les sanctionner, nous aurons des résultats.»

En attendant, c’est vraiment sur le terrain, à hauteur de cabris que SOJETHO s’affaire à améliorer le sort des paysans.

Hélène Ruel

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