Clément Roy : une vie à apprendre… à coopérer

Cet article est tiré du Cyber-bulletin 11.2 de février 2021 

«En coopération comme en éducation, on est toujours en train d’apprendre», résume Clément Roy, président de l’AQANU-Granby.
Son engagement à l’AQANU remonte à loin, presque aux origines de l’association née en 1972.
C’est à la «dure», souligne Clément, qu’il s’est initié à la coopération internationale par des camps de simulation qu’organisait justement l’AQANU dans les années 1970.

Clément Roy lors du déjeuner annuel de l’AQANU-Granby en février 2020. (Photo Hélène Ruel)

Les participants, divisés par classe, devaient travailler physiquement (surtout s’ils faisaient partie des manoeuvres), dormir au moins une nuit dehors, se
1er février 2021
Cyber-Bulletin no 11.2
Association québécoise pour l’avancement des Nations-Unies
partager une maigre pitance aux repas. «Deux ou trois oignons, quatre ou cinq clémentines.»
Cette expérience vécue alors qu’il était jeune adulte a pourtant contribué à alimenter la fibre solidaire de Clément Roy.
Gaspésien d’origine, il raconte comment il avait été marqué par les visites de missionnaires, une religieuse de Madagascar alors qu’il n’était encore qu’un écolier du primaire, puis par la présentation de pères de missions étrangères alors qu’il poursuivait ses études secondaires.
«Et puis, je me suis toujours senti proche des immigrants, parce que je me considérais moi-même comme un migrant», confie-t-il.
Toute la famille Roy a en effet quitté la Gaspésie pour s’installer sur la Rive-Sud de Montréal. «Je partais de mon village gaspésien où j’avais étudié dans une classe à sept niveaux du primaire pour me retrouver, adolescent, dans une polyvalente de 3000 élèves! J’ai dû m’adapter comme migrant, me sentant en grande parenté avec les immigrants.»

En 2015, pour la Fondation Paul-Gérin-Lajoie, Clément est coopérant volontaire. On l’aperçoit, à gauche, lors d’un atelier de formation avec des directeurs et directrices d’école pour la création d’activités génératrices de revenus pour la mise en place de coopératives scolaires. (Photo gracieuseté)

Sa longue carrière en éducation a d’ailleurs commencé par l’accueil, en alphabétisation, d’une clientèle d’origine haïtienne, des gens de 18 à 70 ans. Il s’épatait de voir des femmes suivre des cours de français et de maths après leur journée de travail à l’usine afin d’aider leur progéniture.
Au primaire où il a enseigné, il avait à coeur d’organiser la Dictée PGL, mais c’est en 1996 que l’AQANU l’a pour ainsi dire rattrapé… et pour de bon. Pendant au moins trois ans, il participe à l’organisation des camps du Comité d’éducation au développement international de l’AQANU.
Entre 2000 et 2010, devenu directeur d’école dans sa région d’adoption, Granby, Clément Roy demeure fidèle à l’AQANU, sollicité chaque année par la regrettée Yola Touchette, originaire d’Haïti.
«Je tiens à la nommer parce qu’elle a été un exemple de détermination. C’était une rassembleuse.»
La région de Granby n’a toutefois fait naître un comité AQANU qu’en 2010, après le séisme en Haïti. «Les premières années ont été difficiles, il nous fallait trouver des partenaires en concordance avec les manières de faire de l’AQANU.» Le comité Granby a finalement trouvé son filon, le café et ses partenaires l’UCOCAB (Union des coopératives de café de Baptiste) et la coopérative nOula qui importe et distribue ce café haïtien.
À la retraite de ses fonctions de directeur d’école depuis 2014, toujours soucieux de favoriser le droit à l’éducation, Clément s’engage encore plus activement ayant participé à des missions en Haïti.

Toujours en 2015, cette photo illustre la formation pour les enseignants et enseignantes afin qu’ils réalisent des ateliers de coopération dans les classes. (Photo Clément Roy)

En deux ans, pour la Fondation Paul-Gérin-Lajoie, trois mandats l’y font travailler : au ministère de l’Éducation nationale d’Haïti (MÉNFP) sur un programme de formation pour les enfants non scolarisés; sur un programme de lecture quotidienne en français et en créole également au MÉNFP; et pour la mise sur pied et le renforcement de coopératives scolaires aux Gonaïves. Il a également coaché une mission sud-nord sur les coopératives scolaires.
Qu’est-ce qui l’incite à poursuivre son engagement à l’AQANU? Il a déjà dit
publiquement qu’il aurait 1000 raisons de lâcher, mais qu’il y en a deux ou trois qui l’animent. Et ces deux ou trois sont en fait ces valeurs de justice, d’équité et de dignité transmises par ses parents. Elles peuvent s’incarner au sein de l’AQANU, croit-il. «L’AQANU possède de gros acquis et la possibilité de se renouveler.»
Par trois prépositions, «pour, avec et par», il cerne les façons de faire en coopération internationale. «Quand je fais pour les Haïtiens, je passe à côté. Quand je fais avec eux, c’est mieux. Mais l’idéal, c’est qu’on fasse en sorte que les projets s’effectuent par eux.»
À 65 ans, Clément continue d’apprendre, à «penser globalement et agir localement». À l’entendre présenter avec enthousiasme les nouveaux projets d’AQANU-Granby, on ne s’étonne pas qu’il soit en train de se construire un autre canal d’engagement, celui de l’environnement.


Hélène Ruel

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