Haïti devrait déclarer l’état d’urgence alimentaire

Comment éviter la famine dans un pays comme Haïti où, actuellement, 4,9 millions de personnes sont touchées par l’insécurité alimentaire ? Grave question à laquelle l’ingénieur agronome Joseph Ronald Toussaint, ex-ministre haïtien de l’Environnement, a répondu. Il affirme d’ailleurs que le gouvernement devrait déclarer l’état d’urgence alimentaire.

Il était l’invité du webinaire organisé par la Concorde haïtienne de sécurité alimentaire et nutritionnelle (CHSAN), organisme créé en 2016 dans la région de Grande-Anse.

Il a d’abord brossé l’état du pays qui, en 2021, se classait 109e sur 116 selon l’indice mondial de la faim.

L’état d’insécurité alimentaire est aggravé par plusieurs facteurs. Les conditions climatiques comme les sécheresses, les inondations qui complexifient l’agriculture, les troubles sociaux et l’omniprésence des gangs criminels qui bloquant les routes, entravent la circulation des produits, la rareté et la cherté de la main-d’œuvre, l’inflation qui gonfle le prix des intrants, le manque d’encadrement technique, l’instabilité politique, tout cela ne favorise en rien la sécurité alimentaire du pays.

Joseph Ronald Toussaint (Photo fournie par la CHSAN)

L’ex-ministre a bien distingué les concepts de sécurité alimentaire et de souveraineté alimentaire. La sécurité alimentaire repose sur la disponibilité physique et économique des aliments, leur accessibilité, leur utilisation, le tout devant se réaliser sur une base stable.

Haïti est loin de prétendre à la souveraineté alors que selon les chiffres émanant de la Coordination nationale de sécurité alimentaire (CNSA) cités par M. Toussaint, le pays importe plus de la moitié de sa nourriture. Son agriculture, «cheville ouvrière» de l’économie régresse alors qu’il y a 25 ans, elle représentait 50% du PIB ; elle atteint à peine 20% aujourd’hui.

Parmi les solutions qu’il met de l’avant, outre des investissements dans des fonds d’adaptation aux crises et à la gestion de risques ainsi que des réformes fiscales, il a parlé de favoriser les cultures à cycle court, de soutenir le travail des femmes «le moteur de l’agriculture», de prévoir des réserves de semences. La gestion des écosystèmes, l’installation de systèmes d’irrigation, des programmes d’appui aux jeunes entrepreneurs font également partie de la liste de ses propositions.

On peut suivre la Concorde haïtienne de sécurité alimentaire et nutritionnelle, active sur Facebook.

Hélène Ruel

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