L’attachement de Marie-Eve Castonguay pour Haïti et l’AQANU

Ce texte est tiré du Cyber-bulletin 11.5 de l’AQANU  ( mai 2021)

Depuis octobre Marie-Eve Castonguay occupe les fonctions de Première secrétaire au développement à la mission permanente du Canada à l’ONU. (Photo gracieuseté)


La diplomate Marie-Ève Castonguay, Première secrétaire au développement à la mission permanente du Canada au siège de l’Organisation des Nations unies (ONU) a témoigné de son attachement à Haïti et, pourrait-on dire aussi, à l’AQANU en acceptant de participer, en direct de New York, au déjeuner virtuel organisé par l’AQANU-Outaouais le 17 avril dernier.

La diplomate a salué ses parents et amis de Gatineau et, en créole, ses amis d’Haïti.
(Capture d’écran)

 

 

 

Plus encore, elle acceptait d’accorder une entrevue afin de parler plus explicitement de son expérience en terre haïtienne et de ses premières relations avec l’AQANU. C’est d’ailleurs à titre de conseillère de projets en développement international pour l’ex-ACDI (Agence canadienne de développement international) qu’elle a fait ses premiers pas en Haïti, à la suite du séisme en 2010.
L’un des trois projets alors sous sa responsabilité consistait à construire l’École de formation professionnelle Mark Gallagher à Rivière-Froide. Largement financé par l’ACDI, le projet a été mené grâce à la collaboration des Petites sœurs de Sainte-Thérèse (PSST) d’Haïti, des Friends of Mark Gallagher du Nouveau-Brunswick et de l’AQANU.

Une histoire «belle et extrêmement touchante»

La diplomate dit de l’histoire de l’École qu’elle est «belle et extrêmement touchante» puisqu’elle est celle de la réunion de volontaires du Québec et du Nouveau-Brunswick, des amis du sergent Gallagher mort lors du tremblement de terre en Haïti et de qui ils tenaient à perpétuer la mémoire.
Elle se souvient d’avoir visité le site une première fois en 2012 en compagnie des religieuses. «Ce n’était encore qu’un chantier», se remémore-t-elle. Seule une pelle mécanique signalait son emplacement.
Le projet de construction a évolué malgré les embûches, en commençant par une contestation de la propriété du terrain où devait s’asseoir l’École. «Mais c’est un enjeu fréquent en Haïti.»
Et puis, la topographie, le chemin pentu qui menait au site rendait difficile, sinon périlleux, le transport des matériaux. «L’accessibilité du site représentait un défi logistique.»
Selon Reginald Sorel, alors responsable du dossier pour l’AQANU, le travail de Mme Castonguay a été d’un grand secours. «Elle a nous a soutenus malgré les nombreux obstacles et les multiples changements que nous avons dû apporter au projet, tant sur le plan de la construction que sur celui de l’échéancier.»
L’École de formation professionnelle Mark Gallagher (ÉFPMG) a finalement pu s’ouvrir en 2014. L’inauguration a constitué un moment marquant pour Mme Castonguay. «C’était un de mes premiers projets et la première cérémonie à laquelle j’assistais avec mon ambassadeur (Paula) Caldwell. C’était aussi un grand plaisir d’assister à la graduation d’une des premières cohortes de l’École.»
Il est rare, souligne-t-elle, qu’un projet ayant surmonté tant de défis récolte un si grand succès… et «ça continue!», se réjouit-elle.
Désireuse de contribuer à la pérennité de l’École, la diplomate s’est engagée auprès de l’AQANU-Outaouais à adhérer au Club des 100, souhaitant que sa contribution profite à la clientèle étudiante. L’AQANU-Outaouais soutient en effet l’ÉFPMG en finançant des demi-bourses à ses élèves.
Marie-Eve Castonguay s’épate des impacts que l’AQANU a sur le terrain haïtien. L’AQANU, évolue dans «le gros monde du développement international», dit-elle encore. «Alors que certaines organisations disposent de budgets astronomiques, l’AQANU mise sur le volontariat et le partenariat.
Et le déjeuner-bénéfice de l’AQANU-Outaouais reflète le caractère humain de son organisation», ajoute la fille des Gatinois Joëlle Lepage et Paul Castonguay, actifs à l’AQANU.

Quatre ans en Haïti

Ce sont ses premiers pas avec l’ACDI et l’AQANU qui ont fait découvrir Haïti à Marie-Eve Castonguay. «J’ai adoré le pays, la chaleur de ses gens tellement attachants, le climat, les paysages.»
Tant et tant qu’en 2014, elle postule pour devenir Première secrétaire à l’Ambassade du Canada à Port-au-Prince, fonction qu’elle a occupée jusqu’en 2018. C’est la seule affection qu’elle visait à l’époque, elle qui avait déjà effectué des missions au Sri Lanka, en Indonésie, au Bangladesh, en Ukraine, au Népal, au Cambodge.
Après y avoir résidé pendant quatre ans, ce qui est exceptionnel dans le contexte haïtien, elle est revenue à Ottawa pour deux ans, le temps d’occuper la fonction de directrice adjointe pour le programme d’Haïti. «C’était la première fois que j’avais la responsabilité d’une équipe. On travaillait aux questions de développement d’analyse politique et commerciale.»

À New York… en télétravail

Depuis octobre 2020, elle occupe sa toute nouvelle fonction de Première secrétaire au développement à la mission permanente du Canada à New York. D’autres de ses homologues portent ce titre de Premier secrétaire pour s’occuper de volets différents, comme les affaires politiques, les affaires juridiques et sociales, l’armée et la police.
Ses nouvelles fonctions, elle doit les exercer en télétravail, pandémie de coronavirus oblige. «Me manque la chaleur des interactions avec les gens du réseau.»
Son travail consiste entre autres à préparer les rencontres des grandes agences de développement international (UNICEF, PNUD, ONU Femme, FNUAP) dont le siège social est situé à New York et pour lesquelles le gouvernement du Canada verse des fonds. Il s’agit de s’assurer de la saine gestion de ces fonds, souligne Mme Castonguay.
La programmation, l’évaluation et le suivi des programmes de développement font également partie des fonctions de son équipe.
«On n’aurait pas besoin d’un forum comme l’ONU si on partageait tous les mêmes visions et les mêmes valeurs. On travaille dans un monde multilatéral à faire avancer, avec d’autres pays, les objectifs de développement durable», poursuit-elle.
Elle fait notamment référence aux priorités de développement chères au Canada, notamment sa politique féministe qui ne rallie pas l’ensemble des pays de l’ONU.
«C’est la première fois, en cinq ans qu’on arrive à obtenir un consensus sur une résolution portant sur l’égalité entre les genres, la santé et la sexualité des femmes», note-t-elle. Elle fait référence à la 54e session de la Commission de la population et le développement la semaine dernière qui a eu lieu il y a quelques jours. On peut lire la résolution en suivant le lien https://undocs.org/fr/E/CN.9/2021/L.5.
Elle reprend, pour elle-même, les mots d’une de ses collègues qui lui confiait que c’était la première fois dans sa carrière de diplomate que son travail de promotion pour les droits des femmes et des filles s’alignait si bien avec ses valeurs personnelles.
Appelée à commenter la situation en Haïti, Marie-Eve Castonguay s’en désole. «C’est tellement triste. Je pense à la population qui, chaque fois, vit les contrecoups de tout ce qui arrive aux plans de la politique, de la sécurité, des désastres naturels. Les tendances sont alarmantes», résume-t-elle.
«Techniquement», Mme Castonguay occupera les mêmes fonctions jusqu’en 2024. Elle parle de son travail comme d’une grande aventure, d’un privilège, d’un émerveillement. Elle se dit reconnaissante pour tout ce qu’elle vit au plan professionnel, consciente toutefois qu’elle en paie le prix, ce prix étant celui de l’éloignement de sa famille et de ses amis.
Hélène Ruel

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