Une école professionnelle … pour offrir le choix

(Article tiré du Cyber-bulletin 9.1 de l’AQANU)

Soeur Maurice Mamoune en compagnie du président de l’AQANU, Réginald Sorel. (Photo Hélène Ruel)

Investie par la congrégation haïtienne des Petites soeurs de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus pour coordonner son secteur éducatif (33 écoles à travers le pays), sœur Maurice Mamoune estime que l’École de formation professionnelle Mark Gallagher constitue un indéniable atout pour les jeunes et la population de la commune de Carrefour et des environs.
Le président de l’AQANU, Réginald Sorel, a pu aller à la rencontre de la religieuse installée pour quatre ans au campus de l’Université Laval à Québec. Sœur Mamoune y a entrepris ses études doctorales en éducation.
L’occasion était belle de dresser en sa compagnie le bilan des cinq ans d’existence de l’École de formation professionnelle Mark Gallagher née à Rivière-Froide grâce aux efforts des Petites sœurs de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (PSST) et de l’Association des amis de Mark Gallagher du Nouveau-Brunswick, soutenus par l’AQANU Outaouais et l’ex-ACDI entre autres.
La religieuse est convaincue que les raisons pour lesquelles l’École a été créée correspondent toujours à celles qui en constituent les fondements. «La présence de l’École dans la région de Carrefour permet aux jeunes de faire un choix, de poursuivre leurs études au-delà du secondaire. L’École répond aux besoins des jeunes de la zone qui n’ont pas accès aux études universitaires.»
Sœur Mamoune admet qu’il s’agit d’un argument de promotion et que, comme au Québec d’ailleurs, la valorisation de la formation professionnelle et des métiers constitue un défi. «Souvent, les jeunes manifestent leurs préférences pour les grandes professions. Celles-ci ne leur étant pas accessibles, les jeunes finissent par se décourager des études. Or, il faut les sensibiliser au fait qu’un technicien peut aussi se réaliser dans la vie.»
Pour la prochaine année scolaire, l’École élargira l’éventail de ses filières. Aux techniques agricoles, au secrétariat (formations de deux ans) et à la cuisine-pâtisserie (formation d’un an), devraient s’ajouter les techniques bancaires et douanières, les techniques en hôtellerie et tourisme.
L’an dernier, 84 élèves, âgés de 18 à 30 ans se sont inscrits aux filières techniques agricoles, secrétariat et cuisine-pâtisserie. La première filière attire surtout des garçons, alors que le secrétariat demeure un domaine majoritairement féminin… comme la formation en cuisine, une industrie naissante en Haïti observe soeur Mamoune.
La coordonnatrice remarque que non seulement l’École recrute des jeunes de la commune, mais devient peu à peu un pôle d’attraction pour les jeunes filles qui viennent parfois même de la ville pour étudier en secrétariat.
Chaque année, soutient sœur Mamoune, la nature des filières, le contenu des cours, les résultats font l’objet d’analyses. «En secrétariat, par exemple, on se demande s’il ne faudrait pas ajouter des cours de communications ou d’informatique.» La carte des programmes est souvent revue à l’aune des besoins des jeunes de la commune. Il n’est pas dit que l’École ne remettra pas en piste la formation en techniques de la construction. «Il faut continuer d’actualiser la formation», dit encore la coordonnatrice.
Le mode d’attribution des «demi-bourses» constitue également un sujet de discussions. Actuellement et depuis deux ans, explique-t-elle, tous les élèves inscrits dans les filières agricoles et de secrétariat, reçoivent une bourse de 15 000 gourdes, ce qui correspond à la moitié des frais exigés pour une année scolaire.
Tout en spécifiant que le taux d’abandon des études soit très bas, sœur
Mamoune mentionne que l’octroi de demi-bourses vise tout à la fois à inciter
les jeunes à poursuivre leurs études qu’à les responsabiliser.
Malgré démarches et efforts, l’École ne reçoit aucune aide de l’État haïtien
qui reconnaît toutefois la formation et les diplômes décernés par l’École. Les
PSST et le président de l’AQANU fondent leurs espoirs sur l’Office national
de partenariat en éducation (ONAPE) qui reconnaît désormais la
congrégation comme partenaire.
L’absence de soutien financier de l’État rend fort précieuse à la congrégation
religieuse, l’aide de ses partenaires.
L’an dernier, les 2850 $ de l’AQANU Outaouais ont permis d’offrir des
demi-bourses à 12 des 50 élèves des filières agricoles et de secrétariat. Les
autres bourses ont été alimentées par des donateurs comme la SOGE Bank, la
Saint-Vincent-de-Paul, le Club des amis des PSSST (devenu le Club des amis
de Mark Gallagher), l’administration générale des PSST.

Lors d’une réunion du Club des amis de Mark Gallagher le 6 août dernier. (Photo J. Fritz Louis)

Sœur Mamoune ne manque pas d’exprimer sa gratitude à l’endroit des
partenaires comme l’AQANU. Si elle répond n’avoir pas d’ambition
personnelle, la religieuse espère que sa congrégation puisse continuer
d’améliorer la qualité de la formation offerte dans ses écoles, renforcer et
assurer la pérennité de l’École professionnelle Mark Gallagher, aider les gens à s’approprier cet établissement. En gros, «faire une différence pour l’émancipation» d’Haïti.


Hélène Ruel

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